Vous trouverez ci-dessous la délibération que le collectif Faire Ville Ensemble à proposer de soumettre au vote au dernier Conseil Municipal et qui a été refusé par Monsieur le Maire de Chelles.
Exposé
En France, 15 millions de femmes ou personne trans se situent dans l’âge de la vie menstruée (12-50 ans). Dans une vie, cela représente environ 450 cycles et en moyenne 10 000 protections periodiques pour un budget total qui varie entre 4000 et 10 000 euros. Ce budget est calculé sans prise en compte d’achat d’anti-douleur ou des jours de carence dû à un arrêt maladie pour règles très douloureuses.
Sur ces 15 millions de femmes/personnes menstruée, 4 millions sont victimes de précarité menstruelle. C’est-à-dire que près d’une sur trois éprouve des difficultés financières à disposer de suffisamment de protections périodiques pour se protéger correctement. Selon l’association « Règle élémentaire », ces chiffres ont doublé depuis 2021. Ce sont notamment les plus jeunes qui sont touchés de plein fouet. Près d’une jeune Française (18-24 ans) sur deux peine à se procurer des protections périodiques chaque mois. Et parmi elles, 330 000 jeunes n’ont régulièrement pas accès aux protections périodiques dont elles ont besoin. Enfin avec l’inflation qui ne cesse d’augmenter (+5,2% en 2022 selon l’Insee), ce sont plus d’un million de femmes/personnes menstruées qui craignent de se retrouver en précarité menstruelle au cours des 12 prochains mois.
Cette précarité menstruelle conduit à utiliser des solutions de fortunes tel que du papier toilette, des chaussettes, du tissu, du journal ou encore des bouteilles en plastique coupé en guise de coupe menstruelle. Ce sont des alternatives inadéquates et parfois dangereuse pour la santé. Cela peut provoquer des lésions physiques mais également des maladies (mycoses, infections, syndrome du choc toxique). De plus, avoir recours à ces solutions peut également avoir des conséquences psychologiques et notamment pour des jeunes filles (perte d’estime de soi, honte).
Cette situation est inacceptable au regard du respect de la dignité et de l’égalité des femmes et personnes menstruées. La ville de Chelles, au nom de l’égalité femme/homme et dans un souci de santé publique, doit s’engager en faveur de cette cause.
Les règles sont encore taboues dans notre société et cela retarde énormément les avancées pour lutter contre la précarité menstruelle. Pour exemple, encore aujourd’hui, la majorité des publicités pour protections periodiques représentent le sang avec un liquide bleu. Cela n’est pourtant pas le cas dans les publicités pour pansement. Il a également fallu attendre 2015 pour que la TVA appliquée aux protections périodiques passe de 20 % à 5,5 %, taux prévu pour les produits de première nécessité. 75 % des femmes indiquent n’avoir jamais reçu d’informations sur l’usage des protections periodiques. Ce silence et ce tabou des menstruations peut être un frein à aller se fournir en protection periodique auprès du planning familial ou du CCAS de la ville. De plus, cette sollicitation à visage découvert peut être vécue comme une humiliation de plus et une atteinte à la dignité.
) Deux grands axes de travail sur la ville de Chelles
1) La précarité menstruelle
La ville de Chelles doit lutter contre la précarité menstruelle. Pour cela, elle doit permettre aux femmes et personnes menstruée d’avoir accès à des protections périodiques de manière autonome. Nous souhaitons que la ville de Chelles mette à minima un ou plusieurs distributeurs gratuits de protections périodiques dans un lieu accessible 24h sur 24h ainsi que dans les toilettes des bâtiments municipaux.
2) La sensibilisation et lutte contre le tabou des menstruations
La ville doit également accompagner cette démarche d’une sensibilisation notamment auprès des plus jeunes sur les questions de précarité menstruelle.
II) Un projet d’expérimentation visant à installer des distributeurs de protections gratuites et biologiques
Le distributeur de protections périodiques est un des leviers permettant de lutter contre la précarité menstruelle et favorise la normalisation du sujet des règles dans l’espace public. Pour garantir l’accès à ces protections, nous souhaitons que la ville de Chelles installe dans un premier temps un distributeur de protection periodique au centre-ville. Nous demandons une expérimentation d’un minimum de 6 mois avec un démarrage en septembre 2023 puis une évaluation du dispositif en mars 2024.
Nous demandons également une attention particulière à la qualité des protections périodiques proposés ainsi que leur impact sur l’environnement : 100 % coton biologique, non-blanchie au chlore, sans plastique et biodégradable.
Estimation de budget : 1620 euros TTC
Il est proposé au Conseil Municipal :
1. Approuver la démarche globale contre la précarité menstruelle
2. Approuver le projet d’expérimentation visant à installer un distributeur de protection periodique dans la ville de Chelles